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Plus de 900 000 nouveaux emplois créés par l’économie verte !

Les scientifiques nous le rappellent chaque année : l’urgence climatique est là. D’ici 2030, 92% des pays du globe subiront des épisodes de chaleur extrême. L’ONU prévoit presque 300 millions de réfugiés climatiques d’ici 2050. Sous l’effet de la montée des eaux, New York risque de devenir inhabitable d’ici 2085, tandis que plus de 10 000 îles disparaîtraient totalement d’ici la fin du siècle…

Ces scénarios catastrophes, les experts du climat les scandent dans les médias comme les scientifiques du film Don’t Look Up. La transition écologique nécessaire implique des changements dans nos modes de production et de consommation, mais aussi dans le secteur financier qui oriente les investissements au sein de notre économie.

Si diminuer nos émissions mondiales de gaz à effet de serre rime souvent avec « diminution » (moins de consommation, moins d’énergies fossiles…), de récents rapports de l’ADEME et du Shift Project mettent en valeur les (nombreuses) créations d’emplois que devrait permettre la transition écologique. Ne pas tuer des secteurs d’activité, mais les faire évoluer ou les remplacer par d’autres : tel est l’objectif de l’économie verte !

Moins de carbone, plus d’emplois

C’est au mois de décembre dernier que les projections du Shift Project sont tombées. Dans la lignée du travail de l’ADEME, elles nous offrent une idée claire des changements à venir sur le marché de l’emploi dans le cadre de l’indispensable transition écologique. Concrètement, au cours des années et des décennies à venir, certains secteurs devront prendre de l’ampleur (agro-écologie, industrie du vélo…) tandis que d’autres devront diminuer leur activité (industrie de l’automobile, aviation…). Une réorientation des investissements pour une économie moins émettrice de CO2 !

Les deux organismes se rejoignent sur le fait que, d’ici 2050, les différents ajustements vers une économie verte devraient créer des emplois (et pas qu’un peu !) : entre 900 000 et 1,1 million, avec des créations de postes supérieures aux destructions (croissance nette de +300 000 emplois). Preuve s’il en fallait une que l’écologie, ce n’est pas que la décroissance !

Pour tenir les engagements de la France et maintenir le réchauffement climatique sous les 2°C, certains secteurs économiques doivent être peu à peu délaissés, quand d’autres doivent croître fortement. Des modifications qui impacteront aussi nos modes de consommation.

C’est dans l’agriculture que le plus d’emplois seront créés : environ 500 000. Alors que la production de fruits et légumes doit être largement relocalisée sur notre territoire national (afin notamment de limiter les transports), de nombreux postes relatifs aux pratiques agro-écologiques et à leur généralisation doivent émerger. Dans le même temps, beaucoup d’emplois liés à la transformation de produits animaux (très impactant sur l’environnement) seront amenés à disparaître. Une alimentation plus végétale et plus locale, on a vu pire comme perspective non ?

«L’industrie du vélo devrait d’ailleurs connaître un véritable boom (+230 000 emplois), tant dans la production, que dans la vente, l’entretien et la réparation. À l’inverse, l’industrie de l’aviation devra décroitre.»

Bien sûr, le secteur des énergies renouvelables recrutera lui aussi largement, tout comme celui de la rénovation des bâtiments (l’isolation des maisons étant un enjeu environnemental majeur), au détriment de la construction de logements neufs, qui devrait décroitre. En somme : des habitations mieux isolées, plus adaptées aux problématiques énergétiques, et moins de construction tous azimuts.

Concernant le secteur clé des transports, l’automobile (même électrique) devra laisser de plus en plus la place au vélo, n’en déplaise à Elon Musk et ses Teslas ! L’industrie du vélo devrait d’ailleurs connaître un véritable boom (+230 000 emplois), tant dans la production, que dans la vente, l’entretien et la réparation. À l’inverse, l’industrie de l’aviation devra décroitre. Ce sont les trains qui seront privilégiés pour les trajets longue distance.

Le développement de la finance verte

L’économie classique étant étroitement liée à la finance, tous ces changements structurels au niveau de l’emploi, de la production et de la consommation devront forcément passer par une adaptation du secteur financier. On entend d’ailleurs de plus en plus parler de « finance verte », qui devrait revenir régulièrement à nos oreilles dans les années à venir…

Par finance verte, il faut comprendre toutes les opérations financières favorisant la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Concrètement, il s’agit pour des investisseurs de diriger leur capital vers des projets plus vertueux, qui favorisent l’économie verte et la transition énergétique. En pratique : préférer placer son argent dans une banque qui l’utilisera pour des projets éco-responsables plutôt que des financements d’infrastructures polluantes. 

Cette finance d’un nouveau genre, guidée non plus seulement par l’idée de profit, mais aussi par des considérations éthiques et environnementales, se développe notamment depuis l’engagement officiel de nombreux États en faveur du climat. En France, la mise en place de la loi de transition énergétique pour la croissance verte, votée en 2015, ainsi que la signature des Accords de Paris, ont clairement joué un rôle prépondérant.

Pour s’assurer de déployer des investissements tournés vers des projets éco-friendly, les acteurs de la finance verte disposent de plusieurs outils : développement de fonds verts qui financent des entreprises dont le cœur d’activité est l’environnement, obligations vertes, critères Environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pour mettre en valeur les entreprises les plus vertueuses…

Et les investisseurs particuliers ne sont pas en reste ! De plus en plus, que ce soit à travers des plans d’épargne d’entreprise ou des contrats d’assurance-vie, les particuliers peuvent eux aussi diriger leur épargne et leurs investissements vers des projets soutenant la transition écologique.

Mais ne nous leurrons pas : si les thématiques environnementales gagnent bel et bien du terrain dans le monde financier, le bilan de la finance verte sur ces dernières années est critiqué par certains experts du milieu. Alain Grandjean, économiste membre du Haut Conseil pour le climat, et Julien Lefournier, ancien banquier, dénoncent à ce titre « l’illusion de la finance verte ». Ils expliquent que la logique financière (réaliser des profits à court terme, bénéficier d’un retour sur investissement) surpasse toujours largement la logique écologique, même au sein des projets dits « verts ». De là à parler de greenwashing, il n’y a qu’un pas…

Le secteur financier ne va pas laisser tomber sa logique de rendement en quelques années, rien d’étonnant… Mais les enjeux écologiques stimulent certains acteurs du milieu qui perçoivent de mieux en mieux dans quelle direction la finance doit aller. C’est ainsi que Régis Marodon a notamment avancé l’idée de finance en commun, à travers laquelle les investissements ne se feraient plus dans une logique de court terme et de rentabilité, mais à l’échelle d’une ou deux générations, en prenant en compte toutes les conséquences écologiques et sociales des projets soutenus.

Si la transition écologique passera forcément par la diminution de l’utilisation des énergies fossiles, et impliquera de renoncer en partie à certains secteurs et à certains services (transports aériens et automobiles en tête), elle permettra aussi une transition mettant en valeur de nouveaux modes de production et de consommation. 

Créations d’emplois dans des secteurs d’avenir plus locaux (maraîchage, industrie du vélo…), investissements plus éthiques vers des projets respectueux des normes écologiques, développement d’une véritable finance verte… Des évolutions sociétales déjà en marche et qui devront prendre de l’ampleur en 2022 afin de limiter les conséquences du réchauffement climatique !

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