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Comment la Chine est-elle en train de tout bouffer ?

En seulement une trentaine d’années, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2012, l’Empire du Milieu vise clairement la place de numéro 1. L’objectif annoncé : être la première puissance mondiale d’ici 2049, année du centenaire de la prise du pouvoir par les communistes en Chine.

Mais être la nation la plus puissante au monde, ce n’est pas juste avoir une économie forte. Diplomatie, rayonnement culturel, armée, technologie… Il faut exceller littéralement en tout. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la Chine se donne les moyens de ses ambitions. Alors qu’elle rattrape les États-Unis dans des domaines aussi variés que les relations commerciales, l’intelligence artificielle ou l’armement, on est tentés de flipper un peu face à cet État dont les codes éthiques et culturels sont différents des nôtres.

Alors oui, on provoque un peu avec notre titre plutôt cash, mais lorsqu’il s’agit de traiter les actions de l’État chinois, les médias comme Le Monde ou Arte ne sont pas eux non plus avares en termes hyperboliques : « redoutable », « conquête », « expansion militaire »… C’est bien la volonté du pays de se hisser à la première place qui interpelle.

Voyons ensemble (et loin des clichés) comment, depuis quelques années, la Chine s’active sur tous les fronts afin de dominer la scène internationale !

Réorienter les réseaux du commerce mondial avec les routes de la soie

C’est sans doute le projet le plus titanesque mis en place par la Chine afin de renforcer sa position sur la scène internationale. Les nouvelles « routes de la soie » sont des routes commerciales reliant les grandes métropoles chinoises à l’Europe occidentale à travers l’Asie centrale et l’Europe de l’Est.

Depuis des années, la Chine développe ces routes afin de réorganiser les règles du commerce mondial selon ses propres normes. Un projet qui, à terme, devrait englober 68 pays différents, soit 4,4 milliards de personnes pour près de 40% du PIB mondial.

Sur le modèle de son action en Afrique, elle finance de grands projets de construction d’infrastructures (ports, voies ferroviaires, métro…) pour constituer ces routes. Récemment, elle a notamment implanté son TGV au Laos, faisant exploser la dette du pays au passage.

Développer une énorme puissance militaire et implanter des bases à l’étranger

Secteur clé pour toute grande puissance, l’armement est largement investi par les Chinois, qui disposent aujourd’hui du deuxième budget militaire mondial, derrière les États-Unis. Le Figaro indiquait l’année dernière une hausse de +6,8% de ce budget pour 2021, avec plus de 1 350 milliards de yuans (soit plus de 200 milliards de dollars) dépensés. Mais ce budget (déjà) pharaonique reste trois fois moins important que celui des Américains ! 

À la pointe des équipements et de la technologie militaire, la Chine possède 400 navires de guerre (contre 288 pour les États-Unis), plusieurs sous-marins capables de lancer des têtes nucléaires, ainsi que les missiles hypersoniques (allant 5 fois à la vitesse du son) les plus évolués au monde ! 

Longtemps uniquement tournée vers l’intérieur, l’armée chinoise se déploie depuis peu : en 2017 le pays a implanté sa toute première base militaire à l’étranger, à Djibouti en Afrique. Et, selon les informations communiquées par la CIA, elle envisagerait déjà d’installer sa deuxième base en Guinée équatoriale.

Conquérir l’espace pour démontrer sa puissance

Assurément, la conquête spatiale fait partie des thèmes à suivre en 2022. Et la Chine est au premier rang des acteurs de ce secteur ! Alors que les missions spatiales permettent depuis des décennies aux grandes puissances de montrer leurs avancées technologiques et de rayonner sur la scène internationale, l’Empire du Milieu a récemment publié le bilan de ses dernières actions dans l’espace, qui compte de nombreuses réussites.

Première sonde posée sur la face cachée de la Lune, échantillon de sol lunaire ramené au pays (seuls les États-Unis et l’URSS avaient déjà accompli cette prouesse), mais surtout premier rover posé sur Mars avec succès, et du premier coup… L’agence spatiale chinoise (CNSA) enchaîne les réussites. 

Bien sûr, pas question de s’arrêter en si bon chemin : la Chine a également annoncé ses futurs objectifs, notamment l’exploration du pôle sud lunaire et l’envoi d’Hommes sur la Lune, ce qui serait une première depuis les fameuses missions américaines Apollo du début des années 1970.

Développer des start-ups qui pèsent des milliards dans la Tech

Tout comme les États-Unis ont leurs GAFAM (ces entreprises qui pèsent des milliards de dollars dans le secteur du numérique), tout comme la France souhaite augmenter son nombre de licornes (start-ups valorisées à plus d’un milliard de dollars), la Chine s’appuie sur ses jeunes entreprises pour asseoir sa puissance économique.

Et là encore, l’Empire du Milieu fait les choses en grand : plus de 300 licornes sont dénombrées actuellement en Chine (deuxième rang mondial, derrière les États-Unis), dans des secteurs d’avenir où la Chine excelle. 5G, e-commerce, paiement mobile, identification faciale et intelligence artificielle… Les jeunes pousses chinoises dominent le marché intérieur du pays (qui compte tout de même 1,4 milliard de consommateurs ; un marché très protégé par le gouvernement qui met des barrières aux concurrents étrangers.

Pour ne rien gâcher, la licorne la plus valorisée au monde est chinoise : il s’agit du géant de la Tech ByteDance (qui détient notamment TikTok) qui pesait plus de 350 milliards de dollars fin 2021 ! 

Mais la Chine, loin de simplement copier le modèle américain de la Silicon Valley, a sa propre vision. Si elle ose tout concernant les nouvelles technologies et pousse loin le développement de certaines pratiques (récupération des données, tracking, usage des nouvelles technologies pour la surveillance de masse…), c’est que les Chinois ont un rapport différent du nôtre à l’éthique, à l’autorité de l’État et à la cohésion sociale. Un rapport hérité de leur Histoire propre, qui en fait un acteur singulier sur la scène internationale.

À ce titre, les géants chinois de la Tech ont récemment subi un resserrement du cadre réglementaire de la part de Pékin, vraisemblablement en réaction au mécontentement populaire face aux pratiques abusives (que l’on retrouve en Occident !) de ces multinationales ; des actions d’apaisement social assez éloignées des clichés sur le gouvernement chinois. 

Étendre son rayonnement culturel pour avoir un véritable soft power

Point fort incontesté des États-Unis depuis des décennies, qui les a sans aucun doute amenés sur la plus haute marche du podium des grandes puissances mondiales, le rayonnement culturel permet à un pays d’étendre son influence, ses codes et sa culture auprès de ses voisins, et dans le monde entier. S’il y a bien un domaine où la Chine est en retard, c’est celui-ci.

Longtemps tourné vers l’intérieur de son pays uniquement, l’Empire du Milieu tente pourtant de gagner en influence culturelle depuis quelques années, en particulier auprès de ses partenaires commerciaux les plus proches, en Asie et en Afrique. La multiplication des centres Confucius sur le continent africain, ces établissements culturels dispensant des cours de chinois et diffusant la culture du pays, en est un bon exemple. Aujourd’hui, il en existe plus de 65 en Afrique, soit presque autant que d’instituts culturels français.

Sur le modèle américain, la Chine exporte également ses blockbusters mettant (légèrement) en valeur son pays : Wolf Warrior 2, le film chinois le plus populaire à l’étranger, met en scène un soldat chinois surentraîné et sur-compétent, venant au secours de l’Afrique… De même, du côté des médias, la Chine implante ses propres journaux et chaînes de télévision anglophones à l’étranger, notamment le Daily China et la chaîne CGTN. Une manière de diffuser sa vision du monde, ses codes et ses pratiques auprès des puissances émergentes en proposant son propre modèle, différent du modèle classique occidental.

Depuis quelques années, la Chine redouble d’efforts pour arriver à la place de première puissance mondiale. Au-delà des clichés qui pèsent sur le pays, on découvre un État dont les codes éthiques diffèrent des nôtres, et qui ose repousser les limites pour imposer son modèle au reste du monde, comme l’ont fait les États-Unis au siècle dernier. Mais si la Chine excelle et domine la scène internationale dans des secteurs clés pour atteindre son but (économie, technologie…), il semble encore lui manquer un véritable soft power pour s’imposer.

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