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Qui sont ces gens qui achètent dans le Métaverse ?

Le 28 octobre dernier, Marc Zuckerberg, CEO de Facebook, annonçait le changement de nom de son entreprise, renommée « Meta ». Une annonce destinée à marquer les esprits, qui démontre bien les nouvelles ambitions de la multinationale, détaillées par son patron : désormais, Meta souhaite se concentrer pleinement sur le développement du Metaverse, pour lequel elle a déjà investi 10 milliards de dollars.

Des annonces qui ont eu leur petit effet : les recherches Google concernant le terme « Metaverse » ont touché un pic jamais atteint auparavant, la semaine du 28 octobre. Qu’est-ce que le Metaverse ? Quels business models se cachent derrière ? Quels métiers ? Qui achète, qui vend, qui investit ? On fait le point dans cet article.

Un rêve ancien qui devient peu à peu réalité

Si Marc Zuckerberg a récemment suscité l’intérêt autour du Metaverse, celui-ci ne date pas d’hier. Directement inspiré des romans de science-fiction Snow Crash (1992) et Ready Player One (2011), le Metaverse est un monde virtuel ultra-immersif dans lequel chacun, sous la forme d’un avatar ou d’un hologramme, peut vivre une partie de sa vie. Une sorte de jeu vidéo dont le but serait de simuler la vie réelle dans un monde entièrement factice.

Comme souvent, les concepts développés dans la science-fiction sont précurseurs et annoncent les avancées technologiques à venir. Mais si le jeu vidéo en ligne Second Life (2003) avait déjà tenté il y a quelques années de créer un véritable Metaverse (une « réalité alternative », selon son créateur lui-même), le projet, loin d’être abouti, n’avait eu qu’un succès mitigé.

Le vrai Metaverse auquel pensent les entrepreneurs comme Marc Zuckerberg, utiliserait toutes les dernières technologies disponibles : équipés de casques de réalité virtuelle (tels que l’Oculus Quest conçu par Meta et vendu près de 300$) et de capteurs au niveau des membres, nous serions totalement immergés dans un décor virtuel numérique. Une version un peu différente utiliserait des lunettes de réalité augmentée afin de superposer à notre vision des éléments virtuels avec lesquels nous pourrions interagir.

Interactions sociales, réunions de travail, expériences divertissantes et bien sûr consommation… Les possibilités offertes par un monde alternatif entièrement virtuel ont de quoi faire tourner la tête.

Le futur, c’est maintenant

Avec les avancées de ces dernières années, en particulier la réalité virtuelle, la blockchain, les cryptomonnaies ou encore les NFT, des projets se concrétisent dans le Metaverse et permettent d’envisager un potentiel de développement énorme.

Les éditeurs de jeux vidéo sont les plus en avance dans le domaine : Roblox qui offre aux joueurs des outils puissants pour développer leur propre monde virtuel, accessible via un casque de réalité virtuelle, ou encore Epic Games, qui a déjà organisé des concerts dans son jeu Fortnite, avec plus de 12 millions de spectateurs !

Cet été, Bloomberg estimait déjà que le marché du Metaverse vaudrait 800 milliards de dollars en 2024, et l’on y constatait déjà des transactions assez folles : au début du mois de juillet, un terrain numérique s’y est vendu à plus de 900 000$ à un promoteur immobilier virtuel. Et le phénomène continue ! En cette fin de mois de novembre, une agence immobilière du Metaverse (filiale de la société spécialisée dans les cryptomonnaies Tokens.com) vient d’acquérir un terrain virtuel pour 2 millions de dollars, le record jusqu’à présent…

Pourquoi consommer dans le virtuel ?

Aussi étrange que cela puisse paraître de prime abord, il y a déjà des gens qui achètent des biens virtuels dans le Metaverse, et notamment des articles de mode (chaussures, sacs…) qui pourtant ne pourront jamais être portés dans la vraie vie ! Mais pourquoi font-ils cela ?

Pour comprendre leurs motivations, il faut déjà comprendre ce que sont les NFT, ou Non-Fungible Tokens. Il s’agit de jetons virtuels non échangeables fondés sur la technologie de la blockchain, qui permettent à la fois d’authentifier, d’enregistrer et de sécuriser les transactions de manière décentralisée, sans aucun intermédiaire.

Ces jetons servent de certificat de propriété numérique, théoriquement inviolables, et sont directement liés aux produits vendus dans le Metaverse. Lorsque vous achetez un bien dans le Metaverse via des NFT, vous avez la garantie d’en être le seul propriétaire.

De quoi largement titiller le côté collectionneur des utilisateurs, exactement comme dans les jeux vidéo, où certains dépensent leur argent dans des skins qui ne servent à rien de plus qu’à se démarquer des autres joueurs ! C’est ainsi qu’un sac Gucci s’est récemment vendu plus cher que son prix physique dans le Metaverse, et que Nike s’apprête à lancer une collection de sneakers virtuelles.

Un nouveau marché à conquérir

Bien sûr, comme avec les cryptomonnaies, certains ont en tête l’idée que les biens qu’ils achètent aujourd’hui vaudront de l’or dans quelques années, et qu’ils pourront alors les revendre avec une belle plus-value.

Face à ces chiffres, les géants des secteurs clés du Metaverse (le numérique, les jeux vidéo, les cryptomonnaies, la réalité virtuelle ou encore le Cloud) investissent en masse afin de s’assurer les places de leaders au sein de la future révolution. De leur côté, certaines entreprises, comme le whisky Kinahan’s, lancent leur marque dans le Metaverse en prévision de son expansion…

Si les projets de Marc Zuckerberg et de ses collègues entrepreneurs se concrétisent, on peut même se laisser aller à imaginer les futurs métiers du monde virtuel !

Certes, les gens qui gagnent déjà intégralement leur vie en travaillant dans le Metaverse (comme les créateurs de contenus sur Roblox) sont rares aujourd’hui, mais ils existent déjà et pourraient se multiplier à l’avenir. Designers et architectes digitaux, hôtes et guides touristiques du Metaverse, responsables d’événements virtuels… De nombreux secteurs sont à transposer dans l’univers numérique.

Alors que les géants des nouvelles technologies ont bel et bien lancé la course au Metaverse, certains commencent déjà à acheter des biens et à investir dans ce monde virtuel. Si pour les plus optimistes, le potentiel révolutionnaire de ce projet est énorme, cette idée reste tout de même à nuancer. Il faudra attendre encore au moins dix ans avant que les technologies nécessaires soient toutes au point.

Par ailleurs, le projet Metaverse pose évidemment le problème majeur de la consommation énergétique, en particulier celle des serveurs qui devront stocker des quantités hallucinantes de données. Des limites qui font déjà dire à John Carmack, légende du développement des jeux en 3D, que le projet du Metaverse est une « une idée abstraite sans considération pour les réalisations concrètes à mettre en œuvre ».

Sans parler de la tournure parfaitement dystopique que pourrait prendre un tel projet, où un monde virtuel ultra-consumériste dans lequel des multinationales nous harcèleraient avec des publicités tout en s’accaparant nos données personnelles se substituerait au monde réel… Une dimension éthique du Metaverse dont il faut également parler, comme le fait Lauren Boudard, de Tech Trash.

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