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ZEvent, hits de Squeezie, arrondis en caisse… À quoi ressemblent les dons aujourd’hui ?

Le 11 novembre dernier, Squeezie mettait en ligne une vidéo un peu particulière, intitulée « Qui fera le meilleur hit des années 2000 en 3 jours ? ». Derrière ce making of de la création de deux chansons, (la première composée par le groupe mené par Squeezie lui-même, la seconde créée par celui du youtubeur Maskey) se cachait la sortie bien réelle des titres sur singles dans tous les magasins Lidl. Le but étant de départager les deux groupes sur leurs ventes de CD 2 titres physiques (bien que de nombreux acheteurs n’aient même pas de lecteur CD pour les écouter…!).

Au-delà du challenge et de l’opération ultra maline, les bénéfices sont reversés au Secours Populaire : un bel exemple de solidarité à l’ère du digital et l’occasion idéale pour faire le point sur les les nouveaux codes de cette pratique ancestrale.

La solidarité, un enjeu de société

La solidarité et les actes de charité ne datent pas d’hier, ils sont même au fondement de nos civilisations depuis des millénaires. Les religions juive et chrétienne, dès leurs origines, mettaient en avant l’importance de venir en aide aux pauvres et aux nécessiteux, créant une morale commune valorisant les comportements altruistes, qui a perduré durant toute l’Histoire récente jusqu’à aboutir, en 1864, à la fondation de la première association d’aide humanitaire laïque : la Croix-Rouge.

Ces derniers mois, la pandémie de Covid-19 a mis sur le devant de la scène de nouvelles formes de solidarité, plus adaptées à l’ère du digital. Mais si les temps changent, les ressorts de la charité restent inchangés.

Prestige social (et défiscalisation)

Pour les plus riches et pour les entreprises, les actes affichés de solidarité offrent indéniablement un certain prestige social, améliorent l’image de marque et peuvent être de véritables outils de communication et de marketing. Lorsque plusieurs fondations et associations se partagent des millions d’euros de dons chaque année, elles cherchent forcément à se démarquer et à attirer les donateurs…

Pour les individus, les actes de charité offrent bien sûr et avant tout un sentiment de satisfaction personnelle (qui trouve ses origines dans la morale commune décrite précédemment. Mais c’est également un moyen d’obtenir une certaine reconnaissance sociale et, ne nous le cachons pas, de bénéficier d’avantages fiscaux parfois non négligeables.

De nouvelles formes de donations

De nos jours, lorsque l’on évoque la charité ou la solidarité, on pense naturellement aux fameuses opérations pièces jaunes de Bernadette Chirac, au Téléthon ou encore aux membres d’associations qui nous sollicitent directement dans la rue pour des dons.

Toutefois, le développement du digital étant passé par là, l’essor des nouvelles technologies a généré de nouvelles formes de donations. De plus en plus de dons s’effectuent en ligne, via des cagnottes, des projets en crowdfunding ou directement sur les réseaux sociaux. En rassemblant énormément de gens autour de projets fédérateurs et en facilitant les dons au maximum, certains acteurs ont bousculé la manière d’être solidaire et fédèrent des donateurs – sur le papier – peu coutumiers de ce genre d’actes de solidarité.

L’exemple le plus parlant est sans doute le fameux ZEvent, un marathon caritatif rassemblant près d’une cinquantaine de streamers qui diffusent leurs sessions de jeux vidéo en temps réel pendant plus de 50 heures, afin de récolter un maximum de dons pour une association. Organisé par le streamer star Zerator, l’édition de 2021 a battu tous les records et permis de récolter plus de 5 700 000€ pour Amnesty International !

Si ces nouveaux événements solidaires permettent de mobiliser des donateurs bien plus jeunes et connectés (entre 2019 et 2020, les dons ont augmenté de +14% en France, dont la moitié effectuée par des moins de 35 ans), c’est aussi parce qu’ils utilisent les nouvelles technologies afin de pousser à la donation. Dans le cas du streaming, le fait d’être interpellé directement par son streamer préféré, de faire partie d’une communauté dans un élan mutuel, pousse indéniablement à donner, d’autant plus que les donations sont ultra facilitées par la plateforme Twitch.

De même, il n’est pas rare aujourd’hui d’être directement sollicité pour un don via un plug-in suite à un achat effectué en ligne, via des filtres sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram et sur TikTok. Influenceurs, acteurs et musiciens parviennent à rassembler des sommes parfois impressionnantes en utilisant leur popularité pour de bonnes causes, comme Léna Situations durant la crise Covid.

Si les mécanismes psychologiques et sociaux qui sous-tendent le don sont toujours les mêmes aujourd’hui qu’il y a des centaines, voire des milliers d’années, la solidarité est aujourd’hui en progression grâce aux nouvelles technologies et à Internet qui facilite largement les donations. Le don moyen annuel est ainsi passé de 404€ en 2013 à 570€ en 2020. Une bonne chose quand on sait qu’en 2020 en France, 12% de la population a eu recours à une aide alimentaire.

Un phénomène qui peut être récupéré comme outil de communication et de prestige social, certes, mais dont on peut clairement se réjouir pour notre société qui a bien besoin de générosité. Et cette néo-charité portée par les moins de 35 ans fait du bien à tout le monde, à l’instar de la dernière opé de Squeezie : de la créativité, du buzz, un renforcement de son image publique ; mais surtout beaucoup d’argent pour le Secours Populaire.

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